Le temps s'était écoulé...
Le gamin au visage couleur de l'innocence avait maintenant reconstruit sa bulle : elle ressemblait beaucoup à celle du ruisseau et de la montagne. Mais l’enfant hésitait, pensant que, peut-être, ces derniers n'avaient pas besoin de lui... Il était souvent retourné les voir, mais, jamais, jamais, il n'avait osé déposer ses petits moulins sur le flanc de la colline. Il avait souvent discuté avec le ruisseau mais jamais, jamais, ils n'avaient parlé d'Amour et du mélange de leurs deux mondes...
Alors, un jour, le petit être s'était assis sous les étoiles. Il avait regardé le ciel, là-haut, et, sans doute par magie, était allé rencontrer l'accrocheur d'étoiles. Celui-ci avait dit :
- Ton cœur est seul. Je vais accrocher une nouvelle étoile pour toi. Mais, ne sois pas impatient : la montagne et le ruisseau n'ont pour l'instant pas besoin de toi. Tu dois leur laisser la liberté de te choisir et de t'accepter parmi eux. Peut-être un jour regarderont-ils là-haut. Peut-être une nuit y verront-ils un message qu'un petit ange aura accroché pour eux. Et peut-être alors viendront-ils te chercher pour faire chanter tes petits moulins.
L’enfant à l'esprit couleur espoir était reparti une nouvelle fois le cœur en attente et les rêves encore plus beaux. Il savait maintenant qu'une étoile brillait là-haut. Elle était à lui. Elle était son message. Et personne ne pourrait cette fois briser son rêve...
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Souvent, le soir, l’enfant se tourne vers le ciel. Il contemple longuement sa petite bulle qui flotte là-haut. Et il rêve... Il rêve qu'un jour, la montagne et le ruisseau viennent souffler leur Amour sur son cœur...
Pourtant, il sait bien que son passé ne l'a pas encore quitté. Il est des images qui ne se gomment pas, comme un écrit que l'on veut effacer mais qui reste incrusté dans la trame du papier. Alors, lorsque les souvenirs deviennent trop pesants, il se met face à la mer, debout sur un rocher, et il tourne sur lui-même, comme un fou, en chantant :
« Tourbillons d'un soir, tourbillons d'espoir, il dansait le petit ange sur son rocher perdu.
Et il tournait, il tournait, dans un mouvement de folie, pour se cacher la vie dans un cercle fondu.
Valse hésitante d'un petit homme sans vue, la ronde, autour de lui, dessinait ses rêves et chantait ses désirs enfiévrés.
Il tournait, il tournait, comme un éperdu, les yeux pleins d'espoir de ne pas savoir la réalité.
Fragile vertige d'une envie inachevée, il priait une étoile pour qu'il soit exaucé. De ses ronds sans fin sur un rocher perché, un cri affolé s'étirait dans la nuit tendue.
Une vie apeurée qui se noie d'avoir cru, veut se fortifier d'une image brouillée. Et il tourne, et il tourne le petit ange nu, sur le rythme endiablé d'une courbe glacée qui lui efface la vie, existence inachevée, qui lui montre l'Amour d'une fille dévêtue.
Tourbillons d'un soir, tourbillons d'espoir, il rêvait le petit ange sur son âme dévolue.
Et il tournait, il tournait d'avoir trop vécu.
Et par la puissance et la force de ses mots, il aimait, le petit ange, il aimait le ruisseau... »
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L'autre monde (fin) |