Accaparé par mes pensées, je ne vis pas arriver la gitane. Lorsque je remarquai sa présence, elle se trouvait à deux mètres de moi, me fixant avec insistance et tenant dans ses mains des petites chaussures d’été. Un sourire discret illuminait son visage ambré. Les yeux de la jeune fille, d’un noir profond, contrastaient avec la douceur qui émanait de ce personnage et apportaient un charme indéniable à cette inconnue. Elle portait une robe différente des autres fois, bariolée de mille couleurs. Elle resta là, sans bouger, à me dévisager.
« Bonjour ! », lui lançai-je en arborant moi aussi un grand sourire.
Je n’obtins aucune réponse, pas même un sourcillement. La gitane continua à me regarder droit dans les yeux pendant quelques secondes qui me parurent une éternité. Puis, alors que j’allais tenter d’engager une conversation pour rompre ce silence gênant, son regard se porta vers le lac. Elle me tourna alors le dos et, à ma grande stupéfaction, commença à se dévêtir. Je ne pus m’empêcher de contempler ce corps à portée de main qui se dénudait sous mes yeux. Mon bonheur fut comblé quand je découvris que la gitane ne portait rien sous sa robe : je me délectai alors de ce striptease innocent réalisé rien que pour moi ! Je savais que cette image resterait à jamais gravée dans mon esprit, si masculin à cette heure, et qu’elle surpasserait largement le souvenir du paysage fleuri et des ours de la veille. Je reprendrais cette scène dans mon prochain roman, je m’en fis le serment.
Maintenant nue, la gitane se retourna vers moi, toujours avec la même ingénuité, puis, brusquement, courut vers la berge et se laissa glisser dans l’eau…
La Gitane et le vent |